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Chapitre I : Où l'on se retrouve à poil

Le 13/04/13, par Mic.

Fils spirituel de Deathchoice et Rapinella, Mortimer était un Sram fraîchement débarqué d'Incarnam, l'île flottante au-dessus de la cité d'Astrub. Il n'était pas nu, mais pas loin. Vu qu'il n'avait même pas la peau sur les os, on ne pouvait pas vraiment dire qu'il était à poil.
Mortier était une jeune âme. Mais ça, il ne pouvait pas le savoir. De même qu'il ne pouvait pas connaître les différences entre les âmes : les nouvelles et celles qui se réincarnent depuis un certain temps. D'où viennent-elles ? Où vont-elles une fois qu'elles ont fini leur cycle de réincarnation ?

Je pourrais vous l'expliquer, mais cela prendrait plusieurs vies. Sachez juste que les jeunes âmes arrivent dans le Monde des 12 directement dans Incarnam. Elles ont une apparence adulte même si mentalement, ces nouveaux arrivants ne sont guère âgés.
Celles qui se sont déjà incarnées une fois naissent sous la forme de bébé et grandissent auprès de leurs parents sans passer par l'île flottante.
Là encore, vous allez m'assommer de questions. Pourquoi les jeunes âmes ont d'emblée un corps d'adulte ? Pourquoi sont-elles obligées d'aller à Incarnam ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
On ne vous a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ? Vous vous posez vraiment trop de questions. Vous savez, il faut lâcher du lest de temps en temps et prendre la vie comme elle vient ! Surtout qu'elle a toujours tendance à partir trop vite.

Pour en revenir à l'avatar de cette histoire, Mortimer, sachez qu'il a résidé dans l'île jusqu'à l'âge de 15 ans. Il y a accompli bien des quêtes afin d'apprendre à se débrouiller seul.
Struk'toer Nhin lui a appris les rudiments du combat. Il a pu se faire les dagues sur les Larves Immatures, les Jeunes Bouftons et les Moskitos Peureux. par la suite, Arietta Fiole, la Sacrieuse hystérique, n'a pas arrêté de l'agacer et de le mettre au défi de tuer des monstres. Il a aidé Tenva Lakruche à porter de l'eau et elle lui a un peu parlé de l'architecture de la région.
Il a aussi rendu service à Jicé Aouaire qui lui avait beaucoup parlé de tout et de rien. Surtout de rien en fait.
"Tu me rapportes de la laine et moi je vois une victoire. La laine, c'est la victoire, tu saisis ? Et pourtant, tu me donnes la laine. Mais tu garde la victoire, car la laine c'est la victoire ! Mais elle ne contient pas la victoire, même si tu me donnes la laine, tu comprends ?"
Il n'avait pas compris grand chose, mais lui avait laissé la laine quand même. Il n'avait aucune envie de l'entendre débiter des suites de mots incohérents. mais, une fois lancé, Jicé ne sait pas s'arrêter. il avait enchaîné ainsi :
"Quand je me réveille, parfois, je suis toujours endormi, et ça dure longtemps. Je parle, je marche, je travaille, mais je suis endormi. Comme ça, je me repose. C'est un talent, il n'y a que moi qui sais faire ça. Je suis très fort. Je suis Jicé. Je suis Aouaire, même endormi, tu vois ?"
Au bout d'un moment, Mortimer avait tout de même réussi à s'en défaire. Si seulement il avait pu aussi se défaire de son apparence de Sram, il se serait senti beaucoup mieux. Hélas, fils spirituel d'un couple de Sram, il n'avait pas eu trop le choix. certes, au moment où il s'était incarné, il aurait pu prendre y-une autre apparence.
Il y avait douze dieux principaux dans cet univers. En devenant adepte de l'un d'eux, on adoptait aussi son aspect. Ainsi les Ecaflips ressemblaient à de grands chats humanoïdes, les Sadidas étaient dotés d'une masse de poils impressionnante, les Iops avaient l'aire d'être des cierges. les Sacrieurs se retrouvaient toujours recouverts de sang et les Xélors passaient pour des nains emmaillotés de bandelettes.

Par respect pour ses parents, Mortimer avait embrassé la religion du Dieu Sram.
Au début, cela lui semblait une bonne chose. Tout le monde se montrait très généreux envers lui. A la simple vue de sa silhouette maigrichonne, les gens lui laissaient des porte-monnaie remplis de kamas. Lui, il trouvait ça très gentil de leur part.
Malheureusement, il n'avait jamais eu l'occasion ni le temps de les en remercier. Les gens semblaient le fuir.

Un jour, le vieil Enutrof, Lykhen Lesurviven, lui apprit la tristre réalité : les gens avaient peur de lui. Avoir l'apparence d'un squelette recouvert d'un drap n'a jamais facilité les contacts humains. Mortimer n'était pas repoussant, mais on ne pouvait pas dire qu'il était très engageant.
Lorsqu'il souriait, on pouvait avoir une vue imprenable sur l'intérieur de sa mâchoire.
Du coup, il évitait de le faire afin de ne pas effrayer outre mesure ses interlocuteurs.
Lykhen lui avait ouvert les yeux sur sa véritable nature (enfin au figuré, car les Srams n'ont que des cavités oculaires vides). Il lui avait dit : "Les Srams sont des assassins ! Ils aiment les bourses, rebondies de préférence. Ils ne sont heureux que l'orsqu'ils peuvent tâter les bijoux cachés au fond des poches."

C'est alors que Mortimer se souvint de la devise de son père : "Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils me craignent".
Jusqu'alors, il ne l'avait pas comprise. A présent, il la trouvait terrible. Lui, il ne voulait pas être craint : il voulait être aimé.
Visiblement, c'était mal parti. Il n'était guère habile de ses mains, sauf pour manier les dagues, crocheter les serrures, simuler les signatures et se gratter le dos (en se déboîtant le bras). Toutes ces compétences le menaient vers les métiers de voleur ou, pis encore, de brigand. A la limite, il pouvait sans doute aussi être factotum. Mais rien n'était moins sûr.
Or, Mortimer aspirait de tout son être à devenir quelqu'un d'honnête afin de susciter l'affection et l'estime d'autrui.
C'est pourquoi dès son arrivée à Astrub, il avait adhéré à la Ligue des Repentants, une association de Srams, renégats qui estimaient qu'ils pouvaient être fidèles à leur Dieu tout en rendant la monnaie au lieu de la dérober.
Ils avait un règlement très strict qu'ils devaient réciter à chaque début de séance :
1- Tu ne tueras pas (trop d'ennemis sinon il n'y en aura pas pour le lendemain).
2- Tu ne voleras point (sauf si tu n'as plus de kamas).
3- Tu ne fera point de faux témoignages (sauf en cas de légitime défense).
4- Tu ne commettras point d'adultère (sauf si les circonstances s'y prêtent).
5- Tu ne convoiteras point le bien de ton prochain (car après l'avoir volé c'est le tien).
Mortimer ne comprenait pas bien en quoi consistait l'adultère. Mais comme on lui avait dit que cette pratique ne concernait que les gens mariés, il ne s'inquiétait pas outre mesure.

Depuis ce jour, le jeune Sram luttait contre sa nature profonde pour ne pas voler les objets dans les hôtels de vente, fouiller dans les poches du voisin ou mentir sur son statut pour recevoir l'aumône.
Ce combat intérieur était difficile et constant. Mais Mortimer s'était juré qu'il ne deviendrait un jour vraiment honnête. C'est pourquoi il tenait bon, envers et contre tout en se répétant qu'à vaincre sans péril on triomphe sans gloire.

***

Durant ce pénible mois de Descendre, tous les habitants d'Astrub étaient obsédés par l'île de Nowel. Ils en parlaient constamment avec les yeux pétillant d'envie. Il n'était question que de Cadob'Onux glissant sur le banquise, de Minotoboule de Nowel et de Glutins Farceurs vraiment pas marrants. Mortimer était trop jeune pour connaître cette île, mais il était déjà suffisamment âgé pour être excédé par les discussions autour de ce thème. Impossible d'engager le moindre combat contre des monstres de la forêt sans que ses coéquipiers de fortune ne lancent la polémique sur ce sujet.
"Est-ce que tu crois qu'on va pouvoir y retourner ? C'était trop bien l'an dernier !
s'exclama avec enthousiasme un vieux Crâ en lançant une Flèche de Recul sur un Prespic.
— Mouaip, moi j'dis que l'île peut pas être accessible sans Hector Nowell, répliqua avec scepticisme un Féca. Lui seul connaît le chemin.
— T'abuses ! Chuis sûr que Lily la navigatrice est capable de nous y conduire !
— Mais non ! Elle ne s'occupe que du trajet vers l'île des Wabbits. Même qu'elle se spécialise sur cette destination car elle adore les Wabbits.
— Surtout bien cuits en brochette !
— Ouais !!"
Pour Mortimer, ce genre de dialogue s'apparentait à un infâme charabia.

Certes, j'aurais pu l'aider à y voir un peu plus clair en lui expliquant qu'un Wabbit est un monstre ressemblant à un lapin crétin, que Lily est une capitaine de bateau faisant la liaison entre le port de Madrestam et l'île de ces fameux Wabbits. Mais comme je dois déjà répondre à vos questions, je n'ai guère de temps à consacrer à un personnage. Et de toute façon, un narrateur ne s'adresse jamais aux protagonistes de ses récits ! Il se contente de relater leurs faits et gestes.

Mortimer préférait généralement ne rien dire car il avait peur de paraître stupide.
Du coup, il se contentait de poser des Pièges Sournois.
Grâce à son Coup Sournois, il faisait en sorte qu'ils déclenchent les pièges posés à terre. Mais la plupart du temps, c'étaient ses alliés qui marchaient dessus par inadvertance, déclenchant une explosion d'injures.

Lassé des combats récurrents contre les Sangliers et les Prespics, Mortimer avait décidé de s'instruire. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé très occupé à fournir en boisson fermentée le célèbre Acidrik Fenlapense.

Le jeune Sram le trouvait plutôt bizarre. Il ne parvenait pas à voir son visage et ses yeux semblaient luire d'une teinte verdâtre. Sa voix caverneuse donnait l'impression de venir d'outre-tombe. Et comme il est impossible de distinguer une bouche, Mortimer se demandait où pouvait bien finir tout l'alcool qu'il lui ramenait. Toutefois, le Sram faisait comme si tout était parfaitement normal. Il avait vu tellement de choses étranges à Incarnam, qu'il était déjà blasé.
Il s'était dit que l'aspect étrange d'Acidrik était peut-être lié à son statut d'écrivain.

"Les artises ont toujours un grain, lui avait dit Posteur Nhin.
Parfois c'est un grain de sable dans les rouages du cerveau, parfois, c'est un grain de sel qu'ils cherchent à placer partout où il ne le faut pas. Dans tous les cas, on ne peut pas compter sur eux pour veiller au grain, car ils ne pensent qu'à leur pomme. C'est un moyen comme un autre de s'éviter les pépins."
Se fiant aux paroles de l'Enutrof l'ayant pris sous son aile dans la cité volante, Mortimer avait décidé de garder le même air digne et sérieux.

Il avait besoin des écrits d'Acidrik pour s'instruire. Il savait qu'il y avait Le Chant du Monde, Le Temps des Dragons et bien d'autres titres encore. Il savait que les livres lui donneraient de précieux renseignements sur le Monde des 12. Ce qu'il ne savait pas, c'est à quel point il devait saouler Acidrik pour obtenir les renseignements recherchés.

Et ça vous ne le saurez qu'au prochain chapitre !

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Merci d'écrire dans un francais correct et d'éviter le bwork et le sms.

Les commentaires

Avatar Le , a écrit :

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