banniere

Accueil >> Feuilleton >> Chapitre II : Où les héros sont unis comme les quatre doigts de la main*

Chapitre II : Où les héros sont unis comme les quatre doigts de la main*

Le 13/04/13, par Mic.

Nous avions laissé le jeune Sram Mortimer (« Mort » pour les intimes) à la taverne d'Astrub. Il tentait d'en savoir plus sur le Monde des 12 en faisant boire Acidrick Fenlapanse. Las, le sage ne lui donna aucune réponse claire. Dès la première bière, il s'était mis à marmonner des « gneupf » en tentant de lire l'avenir au fond de son demi. Il faut croire que le futur qu'il y découvrait ne lui convenait guère, car il avait passé un certain temps à boire d'autres liquides fermentés avant de s'abîmer dans la contemplation d'une énième chope.

Se retrouvant sans le sou, Mort se résigna à aller tuer des Bouftous. Ces créatures sont parmi les plus appréciées à Astrub.
Elles servent à tout, une fois dépecées. Nourriture pour familiers, ressources pour différents métiers, le Bouftou est bon pour tout. Certains sont semi domestiqués et broutent paisiblement dans des enclos près du château d'Amakna. On pourrait les croire plus paisibles que les autres. En réalité, à force de tourner en rond, ils avaient perdu la boule et n'hésitaient pas à vous prendre la tête dès que vous mettiez un pied sur leur territoire.

Mort aurait pu voler des kamas pour renflouer ses caisses.
Mais il préférait perfectionner ses méthodes de combat dans les enclos. Et comme personne ne semblait apprécier ses Pièges Sournois invisibles, notre Sram en quête d'honnêteté décida d'affronter les bêtes, seul.

***

Nous voici donc plusieurs semaines plus tard. Notre Sram a pris de l'assurance et passe désormais beaucoup de temps dans la forêt d'Astrub. Ne croyez pas qu'il y cueille des fraises.
Non, il tue des Champs Champs et des Sangliers. C'est à cette occasion qu'il décida de répondre à l'appel au secours d'une Osamodas confrontée à un Milimulou. Il rejoignit ainsi un Iop et un Eniripsa. Difficile de jouer en équipe lorsque l'on ne connaît pas ses coéquipiers. Seul le hasard (ou un destin très vicieux) pouvait réunir des aventuriers aussi différents dans un même combat. Celui-ci semblait ne plus devoir durer très longtemps grâce aux puissantes attaques du Iop. Pendant ce temps, l'Osamodas se cachait derrière ses invocations et l'Eniripsa derrière l'invocatrice. Tout se déroulait à peu près bien, lorsqu'une déflagration retentit soudain, suivie d'un « Pourriture de Sram ! » très sonore, et de toussotements bien plus discrets.

— Mais ça va pas, non ? Mettre des Pièges Sournois sur le passage ?!
Le Iop qui venait de tomber dans le guet-apens n'était visiblement pas content. Il faut avouer que sa nouvelle coiffure en pétard n'était pas très seyante, même si les Iops ne sont pas réputés pour leur bon goût.
— Je t'ai indiqué les emplacements où je les ai posés. À toi de t'en souvenir !
— C'était il y a plus de dix minutes ! Tu crois vraiment que je me souviens des emplacements ? Tu ne peux pas faire comme tout le monde ? T'as qu'a aller au corps à corps !
— Moi je la joue tactique, Môssieur le Iop.

Malgré son énervement, Mortimer tentait de rester poli.
Il venait juste d'adhérer à la Ligue des Repentants. Du coup, il passait son temps à essayer d'être intègre. Mortimer rendait la monnaie, tenait les portes, donnait des pourboires aux taverniers et ne dépassait jamais de la file d'attente. Le seul problème est que les gens ont tendance à lui donner tous leurs kamas dès qu'il montre son crâne. Il paraît que c'est lié à sa maigreur que certains qualifient de... hum, extrême, voire de cadavérique.

Pendant que le Sram et le Iop s'expliquaient, le Milimulou éventrait joyeusement les Tofus invoqués par Domy, alias Dominette, la jeune Osamodas de 14 ans qui avait appelé tout ce beau monde à son secours.

Celle-ci ne savait pas ce qui était le plus dangereux : le monstre en face d'elle ou l'espèce de lutin libidineux qui la suivait depuis le début du combat.
— Tu sais Domy, moi aussi je suis un OSA
— Euh, tu veux dire que tu es un Eniripsa, non ?
— Non, un Obsédé Sexuel Anonyme. Je suis en phase de rémission. Je ne fais plus rien et je me contente juste d'en parler.

Curieusement, le sourire de l'Eniripsa (qui se voulait rassurant) ne fit qu'augmenter le stress de l'Osamodas.
— Et si tu lançais plutôt un Mot Soignant sur le Iop ? Il est blessé et je crois que c'est le seul à pouvoir tuer le Milimulou.
— Oh mais ne t'inquiète pas, il lui reste suffisamment de vie pour approcher le monstre et l'achever. Malgré ce qu'en dit le Iop, les Pièges Sournois, ça aide bien pour affaiblir l'ennemi.
— Eh ! Oh ?! On ne t'a pas sonné le lutin ailé !
— Je vais finir par regretter de t'avoir fait bénéficier d'un Mot Stimulant, si ça continue.

Dominette commençait sérieusement à se demander pourquoi elle se trouvait dans une telle équipe. Pourquoi avait-elle suivi les conseils d'Alit Elfminate, le tailleur ? Il lui a juré qu'il lui fallait des cache-oreilles pour être à la dernière mode. Pour cela, il fallait lui ramener deux poils et une défense de Sanglier, deux pics de Prespic et un poil de Milimulou. Tout avait été simple jusqu'au poil de Milimulou.
Là, elle avait paniqué et appelé à l'aide. Et voilà qu'elle se retrouve en équipe avec un Iop, un Sram et un Eniripsa. Et, elle le regrettait un peu.

— Bon, restez en arrière ! Laissez-moi l'achever ! À moi, l'Épee du Destin !
Kevlhard le Iop arborait un sourire dément. Il lança son sort pour achever le Milimulou qui s'effondra en hurlant.
Laissez-moi les poils ! Laissez-moi les poils ! lança Dorny.
— Ça va, on a compris. Inutile de nous vriller les tympans, grommela Kevlhard.
— En échange, je vous paye une bière à Astrub.
— Ah ! Ça, c'est une fille qui sait parler aux hommes, dit l'Eniripsa, tout en se pourléchant les babines. Son air grivois s'accentua encore plus (si c'était possible).

***

Attablés à la taverne, Mortimer, Domy, Kevlhard et Lirufec, dit le lutin, observaient la foule pittoresque d'Astrub. Il fallait bien s'occuper en attendant que Tek Abir serve enfin sa fameuse petite mousse en bock. Il y avait de tout : des aventuriers à peine sortis des jupons de leur mère, de vieux briscards comparant leurs blessures de guerre, des artisans faisant du troc. La faune humaine était presque aussi variée que celle qui vous attaquait à la sortie de la ville.

Au bout d'un moment, ils furent enfin servis par une jeune Sadida endormie. Elle avait visiblement fait une micro-sieste en attendant que les bocks se remplissent.
— À quoi on trinque ? demanda Domy.
— Moi je dois faire ma prière rituelle de l'OSA répondit Lirufec.
— Euh ? Ça consiste en quoi exactement ? s'enquit Mortimer.
— Oh Dieux ! Aidez-moi à faire ce que je dois faire. Aidez-moi à endurer ce que je ne peux pas changer. Et surtout mettez des panneaux pour que je puisse distinguer les choses des autres.
— Ah ? Ça ressemble un peu à celle de la Ligue des Repentants, répliqua le Sram. Nous, on se contente de dire : « Dieux, aidez-nous à être honnêtes alors qu'il est si simple et si rapide de voler ».
— Oui, c'est un autre genre, acquiesça Lirufec.
— Dites ? Vous ne trouvez pas qu'on forme une bonne équipe malgré tout ? On a battu le Milimulou et les Prcspics qui l'accompagnaient sans aucune égratignure, déclara l'Osamodas avec enthousiasme.
— Moui, mais bon, ça me fait bizarre de devoir supporter des gens moins puissants que moi, répliqua le Iop d'un air arrogant.

Pendant que les quatre compagnons discutaient, Metag Robill s'était approché. Avec son casque à cornes et son immense épée, ce guerrier ne passait pas inaperçu. Il a en sa possession une puissante relique que sa famille se transmet de génération en génération. Il avait promis à qui voulait l'entendre qu'il la donnerait à celui qui lui prouverait sa puissance au combat. Bien des aventuriers étaient partis en quête de preuve pour se montrer dignes de ladite relique. Peu d'entre eux en étaient revenus.

— Dites-moi les gars, ça vous dirait une information en or sur Uk'Not'Allag ?

Immédiatement le silence se fit et quatre paires d'yeux se braquèrent vers Metag Robill. Qui ne connaissait pas le démon qui avait asservi Amakna durant des années avant d'être piégé par le roi Allister ? Selon la rumeur, que le palais peine à faire taire, le démon se serait enfui avec l'aide de Vil Smisse et des brâkmariens. Qui sait où il est à présent ?
— il paraît qu'on a vu des Roublards ayant participé à sa cavale du côté des landes de Sidimote. Et moi je sais où se cache Vil Smisse...
Metag Robill ne put s'empêcher de marquer une pause dramatique afin d'accroître le suspens. C'était plus fort que lui.
— Ok, c'est bon, t'as fait ta pause dramatique. Dis-nous où il est maintenant ! lança l'Eniripsa.
— Vous ne croyez pas que je vais vous donner l'information sans kamas en échange, s'esclaffa Metag.
Piqués au vif, Lirufec et Domy commencèrent à discuter du tarif.
— Euh ? Au fait, c'est qui Uk'Not'Allag et Vil Smisse ? demanda Kevlhard en sirotant sa bière.

Domy dut faire un récit complet des aventures d'un des plus grands démons de l'histoire d'Amakna alors que Lirufec méprisait l'ignorance du Iop en tentant de faire baisser de 100 kamas le prix du renseignement. Pendant ce temps, Mortimer était resté curieusement silencieux.
Il s'était mis à transpirer à grosses gouttes et à respirer bruyamment. Les paroles du vieux guerrier avaient déclenché une crise dans son petit crâne de Sram. Il chercha vainement à contrôler ses impulsions sournoises. Elles étaient refoulées depuis tellement longtemps qu'elles avaient fini par s'organiser en une longue file sécurisée avec tickets numérotés et musique d'ambiance pour salle d'attente. Mais là, elles avaient décidé de faire un putsch.
— Rhâaaaaaaaaa ! Tu vas cracher le morceau ou je te fais une seconde bouche avec mes dagues ?! hurla Mortimer en se jetant sur Metag.
Les autres eurent à peine le temps de tourner la tête que le Sram maintenait déjà le guerrier à terre avec une dague contre la veine jugulaire et une autre contre l'estomac. L'instinct de brigand avait eu raison de la bonne volonté de Mortimer.
— Il, il est dans le b... bois aux oli...violets, parvint à articuler Metag.
— C'est où les violettes ? demanda Kevlbard en finissant sa bière.


* Si, si,il ya des espèces animales ne possédant que quatre doigts (et même certains aventuriers amputés).

Chapitre suivant >>

Poster un nouveau commentaire

Merci d'écrire dans un francais correct et d'éviter le bwork et le sms.

Les commentaires

Avatar Le , a écrit :

thishouldnotexistandhopefullyitwillnot

Afficher tous les commentaires